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Santé

Calvitie : des lymphocytes T font repousser les cheveux dans les cas de pelade

Des chercheurs se sont aperçus que les lymphocytes T régulateurs pouvaient déclencher un mécanisme de repousse du cheveux dans les cas de pelade.

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Un cas de pelade, où les cheveux tombent par plaques à des endroits précis.

DR ZARA / BSIP / BSIP via AFP
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Calvitie : des lymphocytes T font repousser les cheveux dans les cas de pelade
Coralie Lemke
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Une piste de plus pour mieux comprendre la chute de cheveux. Les scientifiques du Salk Institute en Californie ont découvert par hasard que les lymphocytes T régulateurs avaient la capacité de refaire pousser les cheveux dans les cas d'une chute induite par une pelade (alopécie areata). Ce type spécifique d'alopécie est déclenché par une anomalie du système immunitaire et se caractérise par la perte de cheveux par plaques, de tailles plus ou moins importantes, à plusieurs endroits du cuir chevelu (lorsque la pelade atteint toute la tête, on parle d'alopecia totalis). Il y aurait environ 78.000 cas de pelade en France, touchant des patients de 2 à 94 ans selon une étude Sentinelle datée de 2004. La publication de Nature Immunology montre comment les lymphocytes T régulateurs, surtout connus pour leur rôle dans le système immunitaire, sont également capables d'orchestrer la croissance du cheveu en utilisant une hormone comme messager vers les follicules pileux.

Une réaction immunitaire contre le follicule pileux

Pendant longtemps, les lymphocytes T régulateurs ont été étudiés dans le cadre de réactions immunitaires excessives. Ils sont en effet un peu spéciaux : tandis que les cellules immunitaires combattent généralement les agressions extérieures, les lymphocytes T régulateurs sont, eux, chargés d'inhiber une réaction immunitaire qui serait trop forte. Une façon de limiter l'inflammation. Lorsque cette fonction est déréglée, une pathologie peut arriver : les allergies, par exemple, sont des réactions du système immunitaire à une substance, qui sont totalement disproportionnées. L'inflammation intervient également dans la pelade. Dans les cas d'alopécie aiguë, les cellules immunitaires attaquent le tissus cutané. Les traitements existants, à base de glucocorticoïdes, consistent à inhiber la réaction immunitaire de la peau pour ne pas continuer à s'attaquer aux follicules pileux.

La découverte du Salk Institute est d'ailleurs fortuite, puisque les chercheurs étudiaient le rôle des lymphocytes régulateurs dans certaines maladies auto-immunes, comme la sclérose en plaques, la maladie de Crohn ou encore l'asthme. Ils se sont alors aperçus que les lymphoyctes T régulateurs et les glucocorticoïdes n'interagissaient pas ensemble dans le cadre de ces maladies. Les scientifiques ont alors décidé d'observer les environnements dans lesquels les lymphocytes T régulateurs expriment des niveaux très élevés de récepteurs aux gluococorticoïdes, comme les tissus de la peau. En travaillant sur des souris rasées, l'équipe a remarqué qu'aucun poil ne repoussait chez les animaux qui ne possédaient pas de récepteurs glucocorticoïdes sur les lymphocytes T régulateurs. En revanche, chez les souris normales qui avaient perdu leurs poils, ces derniers parvenaient à repousser. "Nous avons identifié le signal hormonal en amont et le facteur de croissance en aval qui favorisent réellement la croissance et la régénération des cheveux complètement distincts de la suppression de la réponse immunitaire", explique à Sciences et Avenir le Pr Ye Zheng, du Centre d'immunobiologie et de pathogenèse microbienne du Salk Institute.

Freiner la chute et faire repousser le cheveu

Les résultats des scientifiques du Salk Institute jettent une lumière nouvelle sur les traitements actuels contre la pelade. Il existerait donc une interaction entre les lymphocytes T et les cellules souches des follicules pileux, qui engendre la régénération des cheveux. Plus précisément, les glucocorticoïdes ordonnent aux lymphocytes T d'activer les cellules souches des follicules pileux. "Notre découverte suggère que les traitements actuels contre la perte de cheveux à base de glucocorticoïdes ne font pas que supprimer l'inflammation chez les patients atteint de pelade [pour freiner la chute, ndlr]. Ils permettent aussi de régénérer les cheveux via leur action sur le follicule pileux", explique Ye Zheng.

Pour que l'interaction fonctionne, les récepteurs de glucocorticoïdes induisent la production de la protéine TGF-beta3 au sein du lymphocyte T. C'est elle qui active ensuite la cellule souche et la pousse à se transformer en un nouveau follicule pileux, permettant à de nouveaux cheveux de pousser. Ce mécanisme, bien distinct des autres fonctions immunitaires, ne dépend pas de l'action des lymphocytes T sur le système immunitaire. En temps normal, les lymphocytes T ne produisent pas de TGF-bêta3. Ce mécanisme ne se déclenche que dans les tissus musculaires ou cardiaques abîmés. Pour aller plus loin, l'équipe veut maintenant étudier plus en détails la fonction régénératrice des lymphocytes T régulateurs. Leur nouveau projet consiste à les isoler dans des tissus lésés afin d'observer les niveaux de TGF-bêta3, ainsi que d'autres facteurs de croissance.

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