LETTRES D'EN O

par Fleur de Lotus  -  30 Novembre 2013, 20:15  -  #voyages, #street art, #oeuvres art postal, #philatélie

Chère Volubilis,

Peu de correspondances montagnardes à se mettre sous la dent, alors… Une pirouette… Je prends plume, je t’écris, encouragé par deux grands plumitifs, de talent. Missive, comme une invitation pour une promenade dans la vallée Mont-Blanc.

Nocturne, Chamonix, Fleur de Lotus, 2013

Nocturne, Chamonix, Fleur de Lotus, 2013

Le premier voyageur, romantique, a 23 ans, cet été 1825. Oh pas d’autoroute en ce temps-là ! Depuis Sallanches, il est secoué, assis dans un char-à-bancs attelé de mulets. La montée est longue, lente. Certains passages se font à pied le long de l’Arve, rageuse, fumante. Fumée brouillard nuages se mélangent à l’écho de cornets rudimentaires soufflés pour quelques pièces, par des enfans. « Une vielle femme idiote et infirme assise dans une sorte de niche roulante est à l’entrée de cette route hasardeuse, et sollicite la pitié des passans »

Un jour, il monte au Montanvert. Toi, Volubilis, tu es déjà là, descendue du wagon rouge tacheté de choucas noirs. Pourquoi ne vois-tu pas l’œil de Victor Hugo ? Il te regarde. Il te parle. Écoute-le « la Mer de glace, comme un bras qui se recourbe, penche et précipite ses blocs marmoréens, ses lames énormes, ses tours de cristal, ses dolmens d’acier, ses collines de diamants, dresse à pic ses murailles d’argent, et ouvre dans la plaine cette bouche effrayante, d’où l’Arveyron naît comme un fleuve (…) Derrière le Dru, pyramide de granit, d’un seul bloc de quinze cents toises (…) obélisque prodigieux ; Quand le ciel est clair, à sa forme effilée, à sa couleur sombre, on le prendrait pour le clocher solitaire de quelque église écroulée (…) les avalanches qui se détachent de ses parois sont des colombes qui viennent s’abattre sur ses frises désertes. Un jour de pluie, lorsqu’on l’aperçoit confusément à travers le brouillard, on pense voir le cyclope de Virgile assis dans la montagne, et les blanches vagues de la Mer de Glace sont les troupeaux qu’il compte pendant qu’ils passent à ses pieds ». Hugo écrit comme s'il déplaçait les montagnes. Il se fait le chantre de la force de la nature plus que de sa beauté. Qui se cache derrière cet acte, ce souffle de création minérale, cet amas de ruines magistrales? Une idée panthéiste ?

Volubilis, débouche la petite bouteille de blanc que j’ai mise au frais dans une chaussette, sous le banc de pierre qui te reçoit, face aux Drus, au Montenvers.

Du Seyssel ou du vin d’Aysse. Je ne sais plus, avec le temps ! Tous les deux cépages de Haute-Savoie. Fais-le chanter dans ton palais. À la troisième lampée, en clignant les yeux, tu apercevras sur les parois de ce magnifique pilier, les noms tagués de ceux qui ont marqué l’histoire des Drus -l’été, l’hiver- et plus généralement de l’alpinisme.

Prosper Payot, Jean Charlet-Straton (1879), Camille Devouassoux (1938), Félix Martinetti, Gilbert Ravanel (1945), André Contamine, Guido Magnonne (1952), Walter Bonatti (1955), Jean Couzy, René Desmaison (1957), Georges Payot, Gérard Devouassoux (1964), Garry Hemmings, R. Desmaison, Yvon Massino, Christian Mollier dans un sauvetage qui défraya la chronique en 1966 (Photos vendues à Paris-Match),

Yannick Seigneur (1967), Claude Jager (1973), Claude Tuccinardi (1975), Claude et Yves Rémy (1979), Jean-Marc Boivin, Patrick Bérault (1981), Christophe Profit (1982), Eric Rémi Escoffier, Daniel Lacroix, Ch. Profit (de 1980 à 1989 dans des enchaînements), E. Escoffier, Pascal Etienne, Thierry Renault de 1982 à 1983, Bruno Gouvy (en surf 1986), Philippe Grenier (1986-1988), Alain Ghersen (1989-1990), Catherine Destivelle (1991), François Marsigny (1992-1993), Marc Batard (soutien aux SDF1992-1994). Ils ont dompté la verticalité, la grande et haute solitude. Cette énumération incomplète, pour leur rendre hommage. Vivants ou disparus dans leur passion.

Rebuffat, Frison-Roche, Lionel Terray - Trompe-l'oeil sur un mur de Chamonix, photo Fleur de Lotus, 2013.

Rebuffat, Frison-Roche, Lionel Terray - Trompe-l'oeil sur un mur de Chamonix, photo Fleur de Lotus, 2013.

Redépose la chopine sous le banc. Un retardataire… je me souviens… fatigué par l’ascension de la Dent du Requin par la voie du Chapeau à Cornes… a loupé le dernier train… pour rentrer chez lui, dans sa famille… Il sera heureux de la déguster en suivant… traînant les pieds dans le noir sans étoile… la voie ferrée crémaillère qui le ramène à la vallée.

Avant de quitter le Montenvers, regarde une dernière fois, cette puissante flèche, triangle tendu vers le ciel. Fais un signe de la main à la Vierge, gardienne du petit Dru (3730). Elle te fera un clin d’œil, enflammé par le soleil couchant. La coquine, qui vient de Lourdes, en a vu passer des alpinistes !

Le deuxième a quitté Servoz. Il monte à Chamouni... À sa droite le glacier des Bossons. Ce torrent de glace, à la langue beaucoup plus longue qu’aujourd’hui, embrasse profondément la vallée. Sa partie inférieure est bordée de pins sapins mélèzes, tendre camaïeu vert. Très vite le vicomte ne rêve plus. Les grands sentiments romantiques ce n’est pas pour lui, et pourtant… Par ce voyage, il fuit la France impériale de 1805. La montagne attire, fascine les scientifiques, les aristocrates, les écrivains. Dans son court récit, il règle son compte à Rousseau, surprend son monde, casse les illusions.

« Ceux qui ont aperçu des diamants, des topazes, des émeraudes dans les glaciers sont plus heureux que moi : mon imagination n’a jamais pu découvrir ces trésors. Les neiges [de la mer de glace] mêlées à la poussière de granit, m’ont paru semblables à de la cendre (…) des carrières de chaux et de plâtre (…) et quand les couches de glace sont appuyées sur le roc, elles ressemblent à de gros verres de bouteille ».

Il voit dans les chalets « rousseauistes », « de méchantes cabanes remplies de fumier, de l’odeur de fromage » habitées « de misérables montagnards en exil ». La montagne fatigante ne le fait ni rêver ni méditer. Le volume des monts, leur rapprochement, leur lourdeur « ne sont point en harmonie avec les facultés de l’homme », et enlèvent toute perspective à l’œil. Tout s’écrase. L’écriture de ce texte -presque un pamphlet- résonne comme celle d’un peintre, d’un architecte. Dans l’homme montagnard, François-René Chateaubriand voit la fatigue du travail, la souffrance, la solitude, « s’il paraît attacher à sa montagne, cela tient aux relations merveilleuses que Dieu a établies entre nos peines, l’objet qui les cause, et les lieux où nous les avons éprouvées ; cela tient aux souvenirs de l’enfance, aux premiers sentiments du cœur, aux douceurs et même aux rigueurs de la maison paternelle ».

En altitude l’homme ne s’élève pas. L’écrivain rend grâce à l’anachorète dans son silence, « qui peut trouver la paix et la joie sur des roches désertes ; mais ce n’est point la tranquillité des lieux qui passe dans l’âme du solitaire, c’est au contraire son âme qui répand sa sérénité dans la région des orages ». L’auteur du Génie du christianisme est à la recherche des monts chargés d’histoire, de religion, d’Ecriture, celui des Oliviers, ceux de Thrace, le Thabor, les montagnes de Judée, le Taygète. Peut-être à la recherche du « Très Haut ».

Volubilis, prends sac à dos crème lunette solaire pull anorak – on n’est jamais trop prudent en altitude- de quoi grignoter, boire. Oui, mets un pantalon. En 22 minutes, la cabine, accrochée à son câble, te dépose à l’Aiguille du Midi (3842 m). En sortant de la benne, marche, lentement, ménage-toi, le souffle, le cœur. Les Japonaises sont là, jambes nues sous les jupes courtes, ballerines légères, leur mari en tee-shirt et tongs, ils font trois petits tours et puis s’en vont, réfrigérés.

Arête de l'Aiguille du Midi, départ de la Vallée Blanche, Chamonix, photos Fleur de Lotus, 2013.
Arête de l'Aiguille du Midi, départ de la Vallée Blanche, Chamonix, photos Fleur de Lotus, 2013.

Arête de l'Aiguille du Midi, départ de la Vallée Blanche, Chamonix, photos Fleur de Lotus, 2013.

Ne sois pas trop impressionnée par cette arête très étroite, le départ de la vallée blanche et de l’arête Midi-Plan. On ne peut pas se croiser. À gauche 1000m de « gaz ». À droite 400m de vide. Des alpinistes encordés la descendent, crampons aux pieds. Certains portent sur le dos leur grande aile pliée, pour le saut et le vol jusqu’à l’herbe de Chamonix, tout en bas. En face, au loin, une muraille, sombre, monumentale, la face nord des grandes Jorasses 4208m. avec l’éperon Walker et la Dent du Géant, sympa cette quenotte de 4013 mètres, non ?

Eperon Walker, Grandes Jorasses, photos Fleur de Lotus, 2013.
Eperon Walker, Grandes Jorasses, photos Fleur de Lotus, 2013.

Eperon Walker, Grandes Jorasses, photos Fleur de Lotus, 2013.

Panorama sur 360 degrés. Assise, jambes étalées sur la plateforme Rébuffat, tu prends le soleil. Une béquille bleue n’est pas loin. GCM serait-il monté ? Tu admires ce magnifique granit, cette somptueuse forme de l’Aiguille du Midi. Tes yeux se tendent, ils ont entendu des cordes qui vibrent… En 1956 Gaston Rébuffat (1921-1985) et Maurice Baquet (1911-2005) réalisent la première de la face sud. En 1998, en hommage à son ami Rébuffat, disparu, Maurice Baquet en cordée avec Christophe Profit regrimpe cette voie.

Les sonorités qui te viennent sont celles de son Violoncelle ! Le musicien le promène partout. M. Baquet, premier prix au conservatoire de Paris, ami de Prévert, Doisneau, Frison-Roche, membre du groupe Octobre, comédien, clown. Sur les névés, il se servait de son piolet, comme Charlot de sa canne.

Tes longs cheveux ondulent, au rythme, du vent, et de l’instrument si bien photographié par Man Ray. Ne t’inquiète pas du temps qui fuit… derrière l’Aiguille du Midi, le Grand Capucin de granit rouge se dresse (3838m.). Il veille sur toi.

Regarde regarde, tu l’adores ce Dôme du Goûter un 4000m, à la forme féminine, juste avant les deux bosses du Dromadaire, puis l’arête sommitale du Mont-Blanc qui monte, qui monte… 4810 mètres. Baisse les yeux, et vois le chaos des séracs cassés où les crevasses, blanches vertes bleutées aux reflets violets, engloutissent dans leurs abîmes, des pans de cathédrales.

Arête sommitale du Mont-Blanc, Fleur de Lotus, automne 2013.

Arête sommitale du Mont-Blanc, Fleur de Lotus, automne 2013.

Comme une libellule prends ton envol, et pose-toi 1800 mètres plus bas, sur l’autre versant de la vallée, parmi les Aiguilles rouges. Le Brévent, la Flégère. Tu as bien fait de troquer le pantalon pour le short. La bronzette sur une chaise longue est bienvenue. Éloigne-toi un peu des vacanciers bavards qui rompent le silence du paysage, et distrairont ta lecture de Tagore ou Narayan. Ton étonnement est grand à la vue de ces lépidoptères à deux jambes courant sur l’herbe avant de déployer leur aile arc-en-ciel pour s’envoler portés par les courants d’air.

Avant de prendre le livre, admire ce que, d’un bond, tu viens de quitter : Le massif du Mont-Blanc et les aiguilles de Chamonix ! L’aiguille du Plan, du Fou, de la Blaitière, le Crépon et son sommet en créneaux de château-fort, les Charmoz, l’Aiguille de l’M, toutes reliées par une fine dentelle dure ciselée dans le roc. Combien de mains ont cherché prises et grattons dans ces dalles ? Combien de bras de jambes ont tremblé de fatigue, avec la peur de dévisser, parce que la clef du passage tardait ? Combien de respirations sont devenues haletantes ? Combien de dos douloureux coincés dans une cheminée ? Combien de crispations, de tétanisations des muscles pour progresser en opposition sur une fissure, et la grimper à la « Dulfer » ? (Hans, alpiniste allemand, mort en 1915, à 23 ans, près d’Arras, à la grande guerre).

Plus loin… la mer de glace, les Drus et derrière eux, la calotte arrondie comme une boule de glace de l’Aiguille Verte. Tu es trop loin pour distinguer les couloirs Whimper, Couturier, en Y, voies d’accès de glace, très pentues, vers le sommet (4122 m), que l’on grimpe en taillant des marches au piolet, crampons presque perpendiculaires à la paroi.

L’altitude t’a fatiguée. Va-te reposer un brin, au fond de la vallée, après Argentière, au village de Montroc. Assise dans l’herbe, laisse-toi séduire par le glacier du Tour trop près… au-dessus… un papillon viendra virevolter autour de ton visage… les sonnailles joueront leur partition. Il est cassé, meurtrier ce mur de glace. Le 9 février 1999, une nouvelle fois, il se rompt, s’effondre, 12 morts. En 1634, le village a été recouvert.

La montagne a ses drames. Quel âge as-tu en 1956 ? Les chars soviétiques sont à Budapest. Une expédition militaire à Suez, la guerre d’Algérie, sont les préoccupations des Français. À Chamonix, la saison touristique d’hiver bat son plein. La vallée prépare les fêtes de Noël. Chamonix est aussi dans l’histoire. Elle n’échappe pas aux luttes intestines de « pouvoirs ».

Deux étudiants, le 22 décembre, Jean Vincendon et François Henry, 24 et 22 ans, décident de gravir le Mt-Blanc par l’éperon de la Brenva, itinéraire plus que difficile en hiver. Des romanciers des cinéastes vont s’emparer du drame à venir. Le 24 décembre, la météo se dégrade. Ils décident de redescendre vers Chamonix, rencontrent la cordée de Walter Bonnatti et repartent tous ensemble, vers le haut.

Premier bivouac au-dessus de 4000 mètres par moins 30°. La décision est prise de rejoindre le refuge de secours Vallot (4362). La cordée des étudiants ne l’atteindra jamais. Le 27 décembre un hélico, un vieux Sikorsky – qui savait en 1956 comment se comporte au-dessus de 4000 m ce genre d’appareil ?- effectue une rotation, rentre bredouille. Le lendemain ils sont repérés. Vivres et couvertures sont larguées. Le temps est épouvantable. La tempête. La solution « hélicoptère » est abandonnée.

Une opération de secours tarde à se mettre en route. Le 31, Lionel Terray, vainqueur récent de l’Annapurna, part avec des amis Suisses et dirige une caravane de secours ; il ne fait pas appel aux guides de la Compagnie de Chamonix.

Un hélicoptère, le Sikorsky H-34 s’écrase, à 13h 10, près des deux naufragés. Les quatre occupants, indemnes, installent les deux jeunes alpinistes dans la carcasse de l’appareil. Tous commencent à geler, au-delà du froid… Ils essayent non plus de se réchauffer, mais d’éviter le pire. Les quatre ont dû comprendre, ils essayent de remonter au refuge Vallot. Le temps se dégrade encore…

La cordée Terray fait demi-tour le 1er janvier 1957. Maintenant il faut sauver les sauveteurs. Deux jours plus tard, un Alouette II survole les restes de l’hélicoptère crashé. De l’hélico en vol stationnaire, aucun signe de vie n’est visible. Fin de l’opération de secours. Vincendon et Henry sont déclarés morts de froid et d’épuisement.

Que s’est-il passé ? La polémique enfle, gronde. De la vallée, avec des jumelles, profitant des éclaircies, on les apercevait. À cette époque les secours sont basés sur le volontariat et le bénévolat. En hiver les trois organismes qui l’été prennent en charge le secours en montagne sont beaucoup moins opératoires. La Compagnie des Guides hésite à risquer des vies. Certains guides, pères de famille, ne sont pas rentrés d’opération de sauvetage.

Noël est là. L’hélicoptère survole les crevasses. Il est à l’abri des avalanches, paraît être la solution miracle. Où sont-ils ces engins nouveaux ? À l’armée qui se bat. Des plus anciens sont-ils à l’école militaire de guide instructeur de Chamonix ? C’est l’armée qui va faire les rotations. La concurrence, les dysfonctionnements ralentissent l’opération. L’opposition entre deux jeunes grimpeurs de la ville sans doute un peu fous, les guides de la vallée trop dans leur monde, et la bureaucratie de l’armée paralysent toute action efficace.

Soixante ans ont coulé sur l’Arve, sur les plaies, les rancœurs. La technologie, le professionnalisme d’aujourd’hui, la refonte des services de secours, sauveraient Vincendon et Henry, sans doute d’un simple coup de rotor. Dans ma mémoire d’enfant, je suis persuadé que Terray était reparti seul. Aucune trace de cette information. J’ai le souvenir en noir et blanc, dans un hebdomadaire, de lui montant solitaire.

Leurs corps sont redescendus le 20 mars 1957. On s’aperçoit qu’un des deux alpinistes n’est pas à la même place que le 31 décembre. Il s’est rapproché d’une porte, l’a ouverte. Pourquoi ? Dans son extrême faiblesse, a-t-il été alerté par le bruit du moteur de la dernière rotation de l’Alouette ? Quelle autre raison l’a poussé à ouvrir son abri ?

Affiche Fête des Guides, illustration par Sempé, Chamonix, 1997, photo Fleur de Lotus

Affiche Fête des Guides, illustration par Sempé, Chamonix, 1997, photo Fleur de Lotus

Aujourd’hui il pleut. L’occasion pour toi d’aller boire un thé au Bistrot des sports rue Joseph Vallot… Puis une visite au Musée Alpin, à la Maison de la Mémoire et du Patrimoine, à l’Espace Pierre Tairraz, à l’Association des Amis du vieux Chamonix. Peut-être une toile au cinéma Le Vox : demande à Yolande et Serge Cataldo qu’ils programment Les Etoiles du Midi de Marcel Ichac –avec L. Terray-, Entre Terre et Ciel de Gaston Rebuffat, sans oublier le film de L. Daquin Premier de cordée avec M.Baquet et Irène Corday. Autres toiles… celles du peintre des Alpes Marcel Wilbault dont le fils est artiste-peintre, et guide de haute montagne (Espace mémoire M. Wilbault 62 chemin du Cé).

La pluie redouble. Le plafond nuageux coiffe les sapins. Tes pas, naturellement, te mènent à la librairie Landru 78 rue J. Vallot. Tu n’arrives pas à faire ton choix parmi les livres de montagne. Terray, Rebuffat, Herzog, Samivel, Frison-Roche, Messner, Vivian, Buffet, Scheibli, Tournier, Ballu, Berhault, Desmaison, Destivelle, Profit, Chaubert… Un coup de cœur, Sentiers sous la neige de Mario Rigoni Stern : un retour de captivité, une balade imaginaire à ski avec Primo Levi, des chevreuils, la nature des êtres.

Pas " inutile ", à la fin de cette lettre, de lire cette phrase de Lionel Terray :

« Si vraiment aucune pierre, aucun sérac, aucune crevasse ne m’attend quelque part dans le monde pour arrêter ma course, un jour viendra, où vieux et las, je saurai trouver la paix parmi les animaux et les fleurs. Le cercle sera fermé, enfin je serai le simple pâtre qu’enfant je rêvais de devenir. » La vie, avec Marc Martinetti, le 19 septembre 1965 en décide autrement.

La journée s’achève mouillée. Une ultime halte pour toi, « Chez Mélanie ». Café, place de l’Église, à côté de l’Hôtel de ville, lieu de rendez-vous de nombreux guides ; un large choix de vins blancs de la région.

Marcel Burnet. Claude Jaccoux. Daniel Stolzenberg. J’ai grimpé avec eux, ou plutôt, ils m’ont appris, et aidé, à grimper. Deux sont sous la neige. L’un dans la vallée. L’autre en Himalaya, avec toute son expédition au Kang Guru, à l’automne 2005. Le troisième, adepte de la bicyclette, habite près des rochers des Gaillands. Trinquons avec eux.

En feuilletant le blog, une information m’a chatouillé les oreilles… tu as vécu le slam. Tu apprécies Grand Corps Malade. Alors… je t’adresse… en vrac et en ordre des mots… à toi de les mettre en désordre et en phrases : aiguille avalanche beauté brouillard bruit cascade chalet cime clocheton cordée corniche crampons crête dôme éboulement éperon fissure froid glace granit lame muraille neige paroi pâturage pente peur pierrier piolet précipice pyramide rappel refuge respiration rocher silence soleil sommet surplomb tempête tour vache vent vertige et cætera.

S’il te plait, belle fleur de rocaille, résistante au vent fripon, monte ces sonorités en bouquet. Je rajouterais une pincée d’Edelweiss, des fleurs de Génépi. Fais lui, à cette gerbe de sons multicolores, une petite place dans ta bibliothèque imaginaire.

Bien à toi, Dame Volubilis.

Fleur de Lotus, Automne 2013

Sources :

Victor Hugo, Voyage aux Alpes, présenté par Jacques Seebacher, Séquences, hiver 2002.

Chateaubriand, Voyage au Mont-Blanc, présenté par Alain-Michel Boyer, La guêpine éditions, juillet 2013.

Lionel Terray, Les Conquérants de l’inutile, Gallimard 1961.

Brochure Fête de la jeunesse 1999, Mairie de Chamonix.

Sites internet.

Un hiver est là.

Le silence s’est abattu. Entre blanc et noir, la lumière s’est grisée. Les flocons ont recouvert les pâturages les myrtilliers, les forêts. La blancheur enlève du regard les traces des chevreuils au sol et sur les troncs des arbustes où ils sont venus se frotter. Elle masque les odeurs du parcours amoureux des brocards rôdeurs, les bois caducs, les ronds de sorcière.

Les mots encordés, eux aussi, sont ensevelis. Ils seront toujours là, ces souvenirs partage de la nature de la culture, stigmates de la vie. Présents comme les Sentiers sous la neige. C’est ainsi que les hommes respirent, et leurs empreintes survivent comme des bourgeons de transmission, contre la brume du temps. Témoins de mains à mains. Assurance… sans corde.

Fleur de Lotus 31 décembre 2013

3842 mètres d'altitude, l'Aiguille du Midi, Chamonix, photographies de l'arête et timbre à 18F du téléphérique, photos Fleur de Lotus, 2013.
3842 mètres d'altitude, l'Aiguille du Midi, Chamonix, photographies de l'arête et timbre à 18F du téléphérique, photos Fleur de Lotus, 2013.
3842 mètres d'altitude, l'Aiguille du Midi, Chamonix, photographies de l'arête et timbre à 18F du téléphérique, photos Fleur de Lotus, 2013.

3842 mètres d'altitude, l'Aiguille du Midi, Chamonix, photographies de l'arête et timbre à 18F du téléphérique, photos Fleur de Lotus, 2013.

Trois timbres de 1962, sur le ski et l'alpinisme à Chamonix, et timbre " Chalet des Alpes ", flamme philatélique Chamonix MB ville olympique 1924, photo FDL, 2013.
Trois timbres de 1962, sur le ski et l'alpinisme à Chamonix, et timbre " Chalet des Alpes ", flamme philatélique Chamonix MB ville olympique 1924, photo FDL, 2013.

Trois timbres de 1962, sur le ski et l'alpinisme à Chamonix, et timbre " Chalet des Alpes ", flamme philatélique Chamonix MB ville olympique 1924, photo FDL, 2013.

Enveloppe d'art postal "Hommage à Marcel Burnet", Fleur de Lotus, mars 2016 (timbre "Ni vue, ni connue). Photomontage, peinture, feutres.

Enveloppe d'art postal "Hommage à Marcel Burnet", Fleur de Lotus, mars 2016 (timbre "Ni vue, ni connue). Photomontage, peinture, feutres.

Enveloppes et flammes philatéliques..
Enveloppes et flammes philatéliques..
Enveloppes et flammes philatéliques..
Enveloppes et flammes philatéliques..
Enveloppes et flammes philatéliques..
Enveloppes et flammes philatéliques..
Enveloppes et flammes philatéliques..

Enveloppes et flammes philatéliques..

Enveloppes d'Art Postal expédiées à Chamonix, photos FDL, 2013.
Enveloppes d'Art Postal expédiées à Chamonix, photos FDL, 2013.

Enveloppes d'Art Postal expédiées à Chamonix, photos FDL, 2013.

Télécartes, pour la correspondance téléphonique + Graff sur les murs de l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme (ENSA) et du Club Sportif de Chamonix + un petit clin d'oeil humoristique. Photo FDL, 2013.
Télécartes, pour la correspondance téléphonique + Graff sur les murs de l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme (ENSA) et du Club Sportif de Chamonix + un petit clin d'oeil humoristique. Photo FDL, 2013.
Télécartes, pour la correspondance téléphonique + Graff sur les murs de l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme (ENSA) et du Club Sportif de Chamonix + un petit clin d'oeil humoristique. Photo FDL, 2013.
Télécartes, pour la correspondance téléphonique + Graff sur les murs de l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme (ENSA) et du Club Sportif de Chamonix + un petit clin d'oeil humoristique. Photo FDL, 2013.
Télécartes, pour la correspondance téléphonique + Graff sur les murs de l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme (ENSA) et du Club Sportif de Chamonix + un petit clin d'oeil humoristique. Photo FDL, 2013.

Télécartes, pour la correspondance téléphonique + Graff sur les murs de l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme (ENSA) et du Club Sportif de Chamonix + un petit clin d'oeil humoristique. Photo FDL, 2013.

Chère Fleur de Lotus,

Merci beaucoup pour ta lettre d'en O. Elle me guide sur les traces des alpinistes, jusqu'à ce toit de l'Europe, qui a grandi de trois mètres depuis l'époque où je le représentais en petit triangle, sur le stencil collé dans mon cahier d'écolière. Tes mots m'emportent dans le pas des hommes-araignées, au rythme des flocons de neige, avec la même légèreté, pour prendre soin de mes pattes peu habituées à une telle grimpe.

Cela semble si facile, lorsqu'on les voit s'accrocher du bout des doigts à une roche qui a l'air complètement lisse, lever une jambe plus haut que la tête, et se hisser en épousant la paroi jusqu'à une corniche de la largeur... d'un demi-orteil !

Regarde, je fais de la balançoire entre la Flégère et l'Aiguille du Midi : superbe vue sur la vallée, sur l'Arve qui caracole à travers la ville, sous les clins d'œil du Glacier des Bossons, qui tant bien que mal continue à tirer la langue aux petits ramoneurs des environs.

Devant mes yeux, deux cascades : celle d'une eau qui ruisselle, et celle des télécabines qui glissent le long d'une canopée de résineux. Tu vois ce que je vois, plus loin ? Je n'en crois pas mes yeux ! Une ligne entre deux cimes, et une silhouette, les bras en balancier : oui, quelqu'un est en train de traverser sur une lanière élastique, en équilibre au-dessus du précipice ! Je stoppe la balançoire. Je retiens mon souffle : il a beau être retenu par un harnais, la seule idée de le voir se balancer tête en bas au-dessus de ces profondeurs me donne le vertige. Tout doucement, le petit personnage effectue sa traversée, sans se préoccuper des regards qui le suivent.

Non loin de moi, une longue feuille orangée tourbillonne. Pourtant, ce n'est pas l'automne. La voilà qui fonce sur moi ! Eh, Fleur de Lotus, il y a des OVNIs dans tes montagnes !?! Ah, non, j'identifie aussitôt cet extra-terrestre : c'est un parapentiste qui rentre d'une matinée de voltige, et qui gentiment me prend en stop et me dépose.

Voir devant moi le Dôme du Goûter m'a donné faim. Je rentre et grignote comme une marmotte, diots et légumes, beaufort et biscuit de Savoie, et je me mets en route pour ce sommet.

Je prends le téléphérique pour l'Aiguille du Midi. Waououh, ça balance ! Et puis soudain, le calme, le silence à l'infini, tous les bruits du monde habité sans doute engloutis dans l'épaisseur des neiges éternelles. Loin, l'agitation et le tracas du quotidien, loin, les questions sur l'avenir, loin, les obligations sociales et familiales ! Voici la paix inscrite dans le paysage. Et pourtant, combien de dangers se cachent dans ce paradis pour qui veut le traverser !

Les Japonaises sont parties. Tu me guides, Fleur de Lotus ? Je chausse mes crampons et je m'aventure timidement sur l'arête, mes pas dans les tiens, en résistant à l'envie de regarder en bas : " Surtout pas, m'as-tu dit, tu serais attirée par le vide ! " Aucune envie d'être attirée par le vide ! Alors, je regarde devant moi, corde bien tendue. Comme je suis fière de réussir à te suivre !

Je rêve : cette fois, c'est bien un objet intergalactique, dis-moi ? Ah, non, c'est le Refuge du Goûter, le nouveau, gigantesque tonneau de construction écologique qui étincelle sous le soleil, perché sur l'aiguille du même nom, à 3835 mètres d'altitude. C'est le plus haut refuge de l'Ouest de l'Europe, véritable concentré de technologies respectueuses de l'environnement. Nous y faisons une pause, car bivouac et camping sont interdits, et puis c'est plus confortable !

Revenons vers l'Aiguille du Midi, et redescendons par la Vallée Blanche en luge ! Même si nos petits traîneaux sont des modèles modernes équipés d'un volant et d'un frein, je ne suis pas du tout rassurée ! Ce n'est pas une crevasse, là, juste devant ? Ah, non, ouf !

Arrêtons-nous par là, derrière cette bosse : le paysage ressemble à celui décrit par les clients du café où j'ai goûté du vin blanc chaud hier. Ils rapportaient un récit d'autrefois, où il était question de filons sous la roche. Pas de l'or, mais du quartz, de la pyrite de fer, de la fluorine, et... Un diamant...

Éclats minéraux de couleurs originelles, fleurs de rocaille aux pointes tournées vers le ventre de la terre... Leurs aspérités surprennent la main du cristallier, avant de rentrer de force dans un sac-à-dos et de finir dans les vitrines d'un musée, sous des lumières de théâtre, et sous nos yeux écarquillés devant tant de beauté.

J'ai beau chercher à tâtons dans les secrets de la montagne, je ressors bredouille. Où le diamant s'est-il caché ?... Je reviendrai... Pour le moment, nous reprenons notre descente, jusqu'aux lumières de la ville, si rassurantes lorsqu'elles masquent les chemins ternes du quotidien !

Tu vois, chère Fleur de Lotus, jusqu'où ta lettre m'a emmenée, depuis mon canapé orléanais ? Jusqu'à des rêves éveillés, de montagnes et de gourmandises, de découvertes et de sport. Un moment d'évasion, où tout est possible, où les désirs n'ont pas de limite. Les lettres, ça peut servir à ça : A DONNER DES AILES.

Volubilis, Nouvel An 2014.

Sources :

Montagne TV, TV8 Mont-Blanc, site internet de l'Office de Tourisme de Chamonix, site internet du Nouveau Refuge du Goûter, site internet du Club de Minéralogie de Chamonix.

Traces, d’un voyage imaginaire, ta lettre m’est parvenue, au nouvel An ! Comme quoi rien ne s’arrête, surtout pas les Rêves et le Temps.

Les traces blanches de magnésie sur les grattons se sont envolées. Les traces des crampons et les marches taillées à coups de piolets ont disparu des couloirs, des arêtes, glacés. Les traces, sonores visibles comme des éclats cristallins, des carres sur les pentes blanches s’effacent au fur et à mesure des précipitations et… du vent… Tout disparaît. Se renouvelle. Comme les neiges multicolores, éternelles. Traces de faire. Traces des mots écrits qui devraient joindre. Par Internet, à qui destine-t-on, ces phrases dans le vide, accrochées les unes aux autres, funambules sur la toile ? Quelles traces offrons-nous de notre passage ? Que laissons-nous aux reflets de nos miroirs ?

Dans ta missive, chère Volubilis, tu évoques la lumière des cristalliers, alors je t’offre trois pierres des Alpes.

« Le cristallier est celui qui porte, en quelques manières, ses mains dans des amas d’étoiles pour en caresser les pierreries »

Gaston Bachelard

On pourrait définir ce philosophe (1884-1962) par quatre éléments l’Air l’Eau le Feu la Terre, et par un cocktail scientifique, d’Imaginaire de Rationalité, de Rêve de Réalité. Il a étudié Lautréamont, Poe…

La montagne est là. Le Mont-Blanc grandit. Le pilier du Dru s’effondre. Les glaciers font grise mine. Envers et contre tout, elles sont là, fières ces maîtresses de granit, exigeantes :

« Les montagnes sont un monde à part ; elles sont moins une partie de la planète qu’un royaume indépendant, insolite et mystérieux, où les seules armes pour s’aventurer sont la volonté et l’amour »

Gaston Rébuffat (Neige et Roc Hachette 1959).

Né à Marseille en 1921 mort en 1985. À 21 ans, il est invité à rejoindre la Compagnie des guides de Chamonix. Il fait partie de l’Expédition française victorieuse à l ‘Annapurna en 1950. Conférencier, écrivain, cinéaste, il utilise tous ces médias pour faire partager, aux autres, sa passion.

Pourquoi, pour qui, écrit-on ? En O, dans la blancheur aveuglante lumineuse humide des touches de neige, dégoulinant, tranquille, du pinceau d’un maître des lieux à qui écrit-on sous la morsure insolente du soleil ? Où suis-je, solitaire, dans ce chaos ? À qui parler ? À qui dire ? À qui raconter ? Comment le faire ? À qui prendre la main pour s’assurer ? À qui… Avant que les traces s’estompent.?

« Ce serait bien plus beau si je pouvais le dire à quelqu’un »

Samivel

Paul Gayet-Tancrède né en 1907 décédé en 1992. Élève de Daniel-Rops, aquarelliste, dessinateur, illustrateur, alpiniste, écrivain (L’Amateur d’abîmes), cinéaste, écologiste avant l’heure. Le Groenland le voit avec Paul-Émile Victor. Il s’est lié d’amitié avec Théodore Monod.

Fleur de Lotus le 14 février 2014

Lettre librement inspirée par Charles Nodier,
VOYAGE AUX ALPES,

Postface de Gérard Poulouin.

la guêpine éditions 2014.

Chère Liseron. Septembre 2015. Le macadam de l’A 40 « l’Autoroute Blanche » qui relie Mâcon au Fayet, et se prolonge jusqu’à Chamonix, m’a ramené au pays d’en O, dans le bleu d’un ciel doré. Visite au 74 de la rue Joseph Vallot, la librairie Landru, histoire de lire. Un certain Nodier. Connais-tu Charles Nodier (1780-1844) ? Tout jeune, la littérature et les lettres anciennes l’attirent. Professionnellement il sera tour à tour, ou en même temps, poète écrivain journaliste voyageur bibliothécaire botaniste, et surtout Romantique. Académicien en 1833. Tous deux originaires de Besançon, il sera toujours fidèle à Victor Hugo. À leur première rencontre en 1821, Hugo a 19 ans, Nodier 40 ans. Charles Nodier reste connu pour « Les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France » récits illustrés par le baron Justin Taylor. Les romantiques se réunissent à l’Arsenal qui publie « La Muse française »…

Hugo et Nodier sont dans la vallée de Chamouny, ils partent en expédition avec leurs guides respectifs. Nodier écrit en 1825 à Victor Hugo « Voyage à la Tête-Noire » nom d’un sommet et d’un torrent vers la frontière Suisse dans le Val des Ours, terme en opposition au Val des Chamois, côté Chamouny. Fleur de Rocaille avant de te lâcher entre les lignes, et que tu prennes ton envol de Libellule, à la rencontre des mots, ouvre et écarte tes ailes, l’une posée sur le sommet du Mont-Blanc, l’autre sur le Bréven, ta souplesse légendaire te permet de laper tout en bas l’eau grondante de l’Arve qui grogne. Fais tes provisions du jus de la langue des glaciers, la trace montante est longue. Regarde la rive droite du lit du ruban tumultueux, une peinture murale, un visage, un texte. Tu t’y arrêteras au retour. Pour l’heure, les Montagnes maudites l’Olympe et ses dieux est accueillante en comparaison !- sont cachées ! L’écrivain voyageur dresse une ode sacrée à la beauté et à la force de la nature, il fait souvent référence à l’histoire de la Grèce antique.Toi tu es dans le brouillard.

Tout à coup la force d’Éole déchire les voiles de coton, découvrant des jeux de couleurs avec les sapins, elle transforme les montagnes des géants en architecture, forteresses, créneaux, ponts-levis instables. Écoute, vers le bas, le bruit des arbres qui dansent dans l’air. Très haut, entends les cris des crampons et des piolets qui mordent la glace des couloirs raides débouchant sur la calotte sommitale de l’Aiguille Verte (4122m). Edward Whymper la vaincra en 1865, Marcel Couturier par un autre itinéraire en 1932. Devant la Verte, les Drus (3754m), immenses dalles de granit verticales, Guido Magnone sera le premier au sommet en 1952. Dans ces parois, d’autres bruits, ceux du marteau qui enfoncent les pitons dans les fissures de granit, les appels des grimpeurs, les cris d’assurances « sec » « du mou ». Tiens, ceux-là vont bivouaquer. Le pilier gravi par Walter Bonatti s’effondrera en 2005 dans un fracas que Jupiter et sa bande de joyeux drilles n’auraient pas renié ! Entre les cordées, comme sur une portée, tu peux en clignant les mirettes, déchiffrer « Toujours la difficulté pas le danger Aller de l’avant, tenter oser Dans l’audace il y a l’enchantement ».

Mais non ce n’est pas un aigle qui plane à tombeau ouvert depuis un sommet, simplement un homme volant recouvert d’un wingsuit. Il regagne une prairie à Chamouny. Il vient de passer au-dessus du glacier d’Argentière « On croirait au soleil, ces vagues immobiles modelées en argent pur par un habile ciseleur ; Il diffère de tous les autres par le mouvement de sa chute en longs zigzags, les pointes de ses pyramides semblent denteler de franges brillantes, et qui se terminent à un talus plus rapide, revêtu de pierres Sur ses moraines. Cette base à l’aspect de cendres, et on dirait au premier coup-d’œil que la nature s’est trompée une fois ses sublimes combinaisons en couronnant du dôme d’un glacier le cratère d’un volcan ».

Toi tu continues vers le fond de la vallée, gentianes jaunes rhododendrons myrtilliers te sourient. Les micas brillants des rocs te font de l’œil. Passés les pâturages la vallée de Vallorcine s’ouvre à toi, puis le col de la Forclaz. Tu es au-dessus de la plaine de Martigny, dans le Valais. Il fait beau. Il fait chaud. Tu fonces dans la descente sinueuse. Attention ne fais pas comme le Malabar Princess du vol 245 d’Air India, qui s’est scratché sur le glacier des Bossons. Là, tu risques de culbuter dans les vignes à flanc de coteaux. Le Fendant c’est pour ce soir. Te voilà en escale, posée sur le toit de la fondation Pierre Gianadda. Accrochée aux cimaises une autre palette de couleurs que là O, celles « d’Henri Matisse en son temps »… Il est temps de repartir. Comme une danseuse la météo est capricieuse. À Chamouny, Princesse Libellule, fais un vol stationnaire et regarde le mur le long de l’Arve. Prends une photographie.

Bien à toi. Fleur de Lotus septembre 2015.

Peinture murale représentant le guide de haute montagne et écrivain Gaston Rébuffat, à Chamonix, photographie par Fleur de Lotus.

Peinture murale représentant le guide de haute montagne et écrivain Gaston Rébuffat, à Chamonix, photographie par Fleur de Lotus.

Où es-tu donc passée ? Te voilà Violette d’abrêt-noir ou de brimbelle ! Entre buissons de myrtilles et séracs en mouvement, ma missive voyage dans l’espace et le temps. Chamonio, Camuni Chamunix, Chamouny, Chamonix, Chamonix-Mont-Blanc… Les siècles, à l’instar des langues glacières glaciaires ont façonné le relief, et la linguistique. Avalanches, ruptures de poche d’eau, tremblement de terre et incendies ont eux aussi transformé la vallée.

Le début du XXe siècle apporte l’électricité, et la compagnie Paris Lyon Méditerranée termine la liaison le Fayet Chamonix, ouvrant le bourg aux flots touristiques. Pour le Montenvers, où tu as séjourné dans une autre lettre, il faudra attendre 1909, les porteurs et les muletiers craignant avec raison de perdre leur emploi. Le tramway du Mont-Blanc atteindra en 1914 le Nid d’Aigle à 2380 mètres.

Le tocsin sonne… la première guerre est là…. Le Club alpin français multiplie la construction de refuges. Max Linder tombe amoureux de la vallée et d’une Chamoniarde, il tourne. Le futur auteur de « Premier de cordée » s’occupe du Syndicat d’initiative, Roger Frison-Roche a 17 ans en 1923. Deux ans plus tard, il réalise un direct radio du sommet du Mont-Blanc. Il sera le premier « étranger » né hors Chamonix à intégrer la Compagnie des guides.

Ah, coquine, je t’ai retrouvée dans mes digressions alpines, tu dansais au bal de la Compagnie, pour leur « caisse de secours », et tu fis la folle à la fête des guides au rocher des Gaillands, pratiquant le saute-mouton de graton en graton. Le cinéma professionnel s’empare de la vallée.

Ouf je suis fatigué, tu t’es enfin posée. Bonsoir Volubilis, Libellule des quatre saisons. Depuis plusieurs nuits, l’Hiver du moine Vénitien squatte le casque haute-fidélité, le compositeur fait danser des flocons fous éclairés par les Lumières de la ville comme au Vox cette ancienne coopérative (1957) devenu cinéma, où Chocolat est sur l’écran blanc.

Toi, les ailes-filets repliées, devant tes mirettes, tu hibernes comme une sage marmotte. Trop de neige, de nuages, de vents, pour mettre un ski dehors. Une seule solution après le vin blanc chaud à la badiane et aux cinq épices en face de la brasserie de l’Aime, se laisser glisser à la librairie Landru. Jean Landru et sa femme ouvrent leur commerce en 1930 ; démobilisé en 1940, il monte une maison d’édition, il se spécialise dans des livres illustrés, Les fleurs du mal, Madame Chrysanthème (Loti), La maison du Chat-qui-pelote (Balzac), des lithographies de « nus, scènes osées érotiques », des contes pour enfants aussi. Début 1947, pour des raisons commerciales, les Editions Jean Landru n’existent plus. Aujourd’hui outre les journaux cartes postales, la librairie possède un fonds de livres sur la montagne, et des vendeuses compétentes.

Bizarre ce bourdonnement à mes oreilles… les saisons se mélangent sur la palette de l’épistolier, seraient-ce, si tôt, les fleurs de sapins ou de mélèzes qui attirent ces Apis melifera… oui… mais c’est l’Abeille de Chamonix… Nous sommes remontés en 1862-1865, le commissaire de police de Chamonix, Edmond Camille Catelin dit « Stéphen d’Arve », passionné d’alpinisme et de haute montagne se fait journaliste et crée un hebdomadaire estival « L’Abeille de Chamonix ». Dans le numéro –réimprimé- du dimanche 2 juillet 1865, tu croiseras Edward Whymper (1840-1911) rodant autour de l’aiguille Verte (4113m) toujours vierge, plus pour longtemps, Horace Walker (1938-1908) passe par le glacier (l’éperon) de la Brenva pour atteindre le Mont-Blanc. Tu vibreras à la catastrophe du Cervin, le Matterhorn se montre impitoyable quand la corde se rompt. L’été 1865, 11789 étrangers passent dans la vallée dont 2 Indiens, 4 Turcs, 148 Prussiens, 173 Russes, 949 Allemands, 3669 Anglais…

Tu as pensé une nuit de pleine lune que la montagne était un univers masculin… pas aussi vrai… Quoique… Quelques noms de femmes qui ont écrit l’histoire alpine: Marie Paradis née à Saint-Gervais (1778-1839) ; servante dans une auberge à Chamonix, elle est la première femme à 29 ans à atteindre le sommet du Mont-Blanc. Lucy Walker (1836-1916) sœur d’Horace, à son actif de nombreux sommets dont le Cervin (4478m) en 1871 ; elle grimpe en jupe, avalant gâteaux et Champagne ! Isabella Straton (1838-1918), première hivernale du mont-Blanc en 1876, la même année bravant les cancans elle se marie avec son guide Jean Charlet, pionnière de l’alpinisme féminin, proche des militantes des droits des femmes. Lucienne Schmith-Couttet (1926-1997) Championne du monde de ski slalom géant 1954. Yvonne Gubler (1903- ?) ; géologue, elle s’investit dans la Réserve Naturelle des Aiguilles Rouges. « Le territoire de l’homme, c’est le sentier » proclame-t-elle avec Jean Eyheralde le curé d’Argentière. Et Catherine Destivelle, solitaire en 1991 dans les Drus, Karine Ruby la Chamoniarde en or avec son snowboard à Nagano en 1998 ; cette aspirant-guide née en 1978 se tue au Mont-Blanc le 29 mai 2009.

Revenons à la lecture… Dispute sur la montagne, La Guêpine éditions, mai 2015. Comprendre « dispute » comme « discussion », « débats ». Ils sont deux à discuter, à débattre.

Gustave Roud (1897-1976) poète photographe. À 11 ans, il quitte la ferme familiale et rejoint la ferme du grand-père maternel à Carrouge dans le canton de Vaud. Il y vivra toute sa vie avec sa sœur. Dans ce lieu il écrira toute son œuvre. Il est solitaire, amoureux de la campagne, de la plaine, du sentier, de l’horizontalité. Il n’aime pas la montagne, lui reprochant de n’être pas culturel, de ne pas avoir reçu l’empreinte de l’homme. Il est l’auteur de « Traité de la marche en plaine ».

Charles Ferdinand Ramuz (1878-1947), lui aussi suisse, écrivain poète, son talent est reconnu par Aragon Claudel Cocteau Gide Paulhan. C’est un amoureux de la nature dans ce qu’elle a de chaotique, de vertical, auteur de « La beauté en montagne ». Ramuz est directeur d’un hebdomadaire « Aujourd’hui » publié à Lausanne, Roud en est le secrétaire. Les deux amis, par lettres qui seront publiées, s’affrontent avec conviction, dans un respect mutuel en une joute épistolaire. Finalement qui défend quoi ? Les arguments sont renvoyés, et font mouche, ils jouent avec l’écriture. Les deux compères s’admirent.

« Sur la pointe des quatre mille mètres l’homme des glaciers sublimes, confondant la grandeur et le nombre, s’émerveille du dédale de sommets qui l’entourent. Il s’efforce de numéroter, de classer un chaotique vocabulaire qu’annule la seule phrase pure d’une colline », 16/1/1930. La montagne n’est pas en ordre elle est l’image pétrifiée du hasard d’un chaos qui n’exprime rien, 18/9/1930.

Où sont les Corot, Manet Courbet de la montagne ? En prenant pour échelle l’homme ils ont peint la nature cultivée, l’humain avec ses monuments. En montagne dans la nature vierge la taille de l’homme ses souvenirs ses références ne sont plus de mise. L’homme est dans une autre échelle de vision que la peinture a du mal à rendre, contrairement à la photographie et au cinéma. « Et ce que j’aime dans la montagne, c’est justement entre autres choses qu’elle n’ait pas servi encore », 11.9.1930. La montagne aux colorations insolites se voit de loin, dans la qualité de son silence on y grimpe vers le haut. On marche à plat dans la plaine, elle est l’équilibre à l’inverse de la montagne. La démarche et l’allure sont différentes. « Les phrases ont, elles aussi, une démarche et qui n’est plus du tout la même selon qu’elles prétendent monter et monter dans le non frayé et l’inconnu, ou aller prudemment à plat. De la montagne « vous parlez de ses fausses richesses ; vous parlez de ses fausses possibilités, de sa naturelle incohérence. Mais notez tout de suite quelle vous rend en bien le mal que vous dites d’elle. Car le mal que vous dites d’elle est encore de la beauté », 25/9/1930. Roux déteste-t-il vraiment la montagne et ses alpinistes qui envient le sort de l’araignée ?

La postface « Une controverse chaleureuse », signée Jean-Louis Pierre - Docteur ès lettres, il crée en 2012 les éditions La Guêpine -, clôt ces quarante-cinq pages.

Autres sources : « Le roman de Chamonix » de Sophie Cuenot, Editions Guérin, Chamonix, octobre 2015. Brochures des Journées du patrimoine mairie de Chamonix.

Fleur de Lotus, février 2016

"L'Arve dans la vallée de Chamonix", enveloppe d'art postal à base de collage de sachets de sucre et de chocolat, Volubilis, 2016.

Fleur de Lotus,
Comme ils semblent
proches, tes dômes
et tes pics !

Si je tends la main, je suis sûre que je les touche.Si je fais un pas en avant, je suis sûre que je sentirai vite la neige craquer sous mes pieds. En un geste, je peux cueillir le paysage pour qu'il voyage partout avec moi.

Regarde, du sous-bois aux sommets, il suffit de sauter de couleur en couleur : marron des troncs de feuillus, bleu glacé du torrent qui vient serpenter dans la vallée, vert des prés, rouille cuivrée du soleil couchant sur le miroir des roches, et bien sûr blancs en neige montés à flanc de montagne.

J'ai beaucoup avancé. Me voilà presque chez nos voisins suisses ! L'hypoglycémie me guette : vite, j'avale goulûment le contenu d'un sachet de sucre, puis un carré de chocolat. Sympa, l'emballage du sucre : une edelweiss rougeoie sur sa face nord ! Et le papier du chocolat : des sonneurs de trompe alpine s'y époumonent pour montrer aux monts que la musique aussi peut les escalader.

Viens partager avec moi les gourmandises, Fleur de Lotus ! Nous pourrons rester là à contempler le réveil de la Voie Lactée.

 

Volubilis, 8 juin 2016

 

 Coucou, Fleur de Lotus ! 

Comme il frappe fort, le soleil des montagnes ! Même quand il est caché, même quand il est couché. Regarde, il fait bronzer sommets, vallées, glaciers, névés et ciels de changement d’année ! On ne voit plus les nuages : leur ouate a absorbé le feu de la voûte céleste. Ombres et lumiè

es se confondent et se promènent au fil du temps, modelant et remodelant le paysage à l’infini, se jouant bien de notre sens de l’observation. Je ne sais plus quelle heure il est : le soleil a rendez-vous avec la lune, et je ne sais pas ce qu’ils fricotent ensemble.

 

J’espère que tu as laissé quelques provisions au refuge. J’ai cru que j’avais pris le parapente bien replié, mais je me suis aperçue que je me suis trompée : c’est un sac avec du matériel de peinture et une doudoune rouge que j’ai emporté. La confusion n’est pas grave : la doudoune ne sera pas de trop pour la nuit, et je vais peindre un peu à la lampe frontale pour trouver le sommeil : tu sais, je suis (un peu ?!?) trouillarde et je dois trouver de petites astuces pour surmonter la frousse quand je suis en altitude. Pourquoi j’y vais, alors ? me diras-tu. Parce que j’aime ça ! te répondrai-je.

 

Tiens, ça me fait penser à ce livre[1] de Ludovic Escande, éditeur chez Gallimard, qui a raconté comment il a relevé le défi de « faire le Mont-Blanc », comme on dit, sans avoir jamais pratiqué l’alpinisme et en souffrant du vertige. Il est passé par de sacrés moments de panique ! Il dit que son récit est autobiographique. C’est vrai, ça, tu crois ? Peu importe. Ce n’est pas de la grande littérature, ce n’est surtout pas un exemple à suivre, ce n’est pas une découverte du milieu des montagnards, encore moins une rencontre avec Chamonix, mais le point de vue est original, et ce petit livre, divertissant, se lit facilement.

On suit aussi pendant sa lecture l’écrivain voyageur médecin ex-ambassadeur Jean-Christophe Rufin, et l’écrivain voyageur Sylvain Tesson, ce dernier étant à l’origine du projet puisque c’est lui qui a fait cette proposition un peu folle, et ces deux alpinistes aguerris aidant l’éditeur à gravir les cimes. S’y ajoute un troisième larron : un guide attentif, encourageant et fiable, Daniel, dans son rôle de passeur (Daniel Du Lac, le champion du monde d’escalade ?) : par la corde il transmet sa connaissance de la montagne, sa confiance en chacun, l’énergie d’aller au bout de ce qui est possible.

 

Bon, ben, c’est bien beau, tout ça, mais moi aussi, là, il va falloir que je récupère pour trouver l’énergie de redescendre jusqu’au village. Tu viens m’y attendre avec un bol de thé bouillant et des croissants pour bien commencer l’année, Fleur de Lotus ?

 

Volubilis, 11 janvier 2018

 

 

[1] ESCANDE, Ludovic, L’Ascension du Mont-Blanc, éditions Pocket, septembre 2018, 127 p.

LETTRES D'EN O
LETTRES D'EN O

Peinture à deux mains droites :

AVALANCHE DE SOLEIL

jusque dans la vallée

(Volubilis et Fleur de Lotus,

février 2019).

 

  Bonjour, Madame Destivelle, 

 

Je vous ai croisée par hasard à un salon du livre. Je ne savais pas que vous étiez devenue éditrice de livres de montagne. Je vous ai raconté que je m’intéressais à l’alpinisme depuis qu’un ami m’avait incitée à découvrir la haute montagne et l’histoire de son exploration. Vous m’avez dédicacé le livre Le Diable est un enfant, de Hélène ARMAND, pour lui, et j’ai été très heureuse de le lui offrir. Nous espérons que vous avez bien reçu notre enveloppe d’art postal. Nous avons beaucoup de plaisir à la publier sur ce blog.

Nous vous souhaitons encore plein de découvertes livresques et montagnardes.

Alpinistiquement vôtres,

Volubilis et Fleur de Lotus, décembre 2018

Œuvres utilisées :

  • C. DESTIVELLE, Ascensions, éditions Arthaud, 2014.

  • Rémy TEZIER, Catherine Destivelle Au-delà des cimes, TEC TEC Production-Canal Overseas Productions/Pathé Distribution, 2009 (DVD).

  • Photographie de l'escalade par Mme DESTIVELLE de la Devil's Tower, Wyoming (U.S.A.), collection personnelle de Fleur de Lotus.

 

Photos de la réalisation et de l'envoi de l'enveloppe "Catherine Destivelle", Fleur de Lotus et Volubilis, décembre 2018.
Photos de la réalisation et de l'envoi de l'enveloppe "Catherine Destivelle", Fleur de Lotus et Volubilis, décembre 2018.
Photos de la réalisation et de l'envoi de l'enveloppe "Catherine Destivelle", Fleur de Lotus et Volubilis, décembre 2018.
Photos de la réalisation et de l'envoi de l'enveloppe "Catherine Destivelle", Fleur de Lotus et Volubilis, décembre 2018.
Photos de la réalisation et de l'envoi de l'enveloppe "Catherine Destivelle", Fleur de Lotus et Volubilis, décembre 2018.
Photos de la réalisation et de l'envoi de l'enveloppe "Catherine Destivelle", Fleur de Lotus et Volubilis, décembre 2018.
Photos de la réalisation et de l'envoi de l'enveloppe "Catherine Destivelle", Fleur de Lotus et Volubilis, décembre 2018.
Photos de la réalisation et de l'envoi de l'enveloppe "Catherine Destivelle", Fleur de Lotus et Volubilis, décembre 2018.
Photos de la réalisation et de l'envoi de l'enveloppe "Catherine Destivelle", Fleur de Lotus et Volubilis, décembre 2018.
Photos de la réalisation et de l'envoi de l'enveloppe "Catherine Destivelle", Fleur de Lotus et Volubilis, décembre 2018.
Photos de la réalisation et de l'envoi de l'enveloppe "Catherine Destivelle", Fleur de Lotus et Volubilis, décembre 2018.

Photos de la réalisation et de l'envoi de l'enveloppe "Catherine Destivelle", Fleur de Lotus et Volubilis, décembre 2018.

CLAUDINE nouvelle savoyarde.

Édits La guêpine 2013.

Préface d’Alain-Michel Boyer

 

 

 

« Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, Chagrin d’amour dure toute la vie. J’ai tout quitté pour l’ingrate Sylvie, Elle me quitte et prend un amant … ». Ce texte écrit en 1784, a été mis en musique par Egide Martini la même année. Il est signé par Florian, de son vrai nom Jean-Pierre Claris de Florian, né en 1755 dans le Gard.  À 10 ans, à Ferrney  il admire les paysages de Savoie et du lac Léman, rencontre Voltaire, puis part pour Paris. Académicien il est aussi franc-maçon, et se sent proche des révolutionnaires. Effrayé par les excès de violence, il fuit la capitale, est arrêté pour d’anciens écrits, enfermé,  la mort de Robespierre lui évite d’être exécuté. Il meurt un mois plus tard, à 39 ans,  le 13 septembre 1794. Il laisse des pièces de théâtre, des romans, surtout des nouvelles.

Florian dans des lettres parle de Chamouny de Sallanches, de Maglan, de la Mer de Glace, les lieux les auberges les cassures du paysage sont décrits précisément. L’auteur refuse les extases, le romantisme grandiloquent débridé que l’on retrouve chez Hugo. Nous sommes en 1788 Florian revient du Montanverd, fatigué il se repose près d’une fontaine  en dégustant des cerises achetées à une jolie petite fille. Son guide François Paccard commence alors le récit de l’ancienne histoire de Claudine une jeune belle bergère, « pauvre enfant si simple qu’il était bien facile de la tromper ».

Elle a 14 ans. Un riche anglais, M. Belton en redescendant du Montanverd, fait une pause, à côté de la fontaine déjà citée. Claudine lui offre des fruits, du lait, et refuse quelques monnaies. « Mais la pauvre Claudine ne refusa point de mener M. Belton voir son troupeau. L’anglais pria son guide de l’attendre, et s’en fut avec Claudine. Il y demeura deux bonnes heures » Le soir même il quitta la vallée. Claudine, un beau diamant vert au doigt, « pensive, rêveuse, triste », rentre au chalet.

Six mois passent. Claudine, de plus en plus triste explique à sa sœur Nanette que M. Belton était amoureux d’elle, qu’il l’avait embrassée qu’il voulait l’épouser et qu’il reviendrait avant quinze jours…. « Je n’ose vous en raconter davantage, ma sœur : mais j’ai de grandes inquiétudes, je suis malade, je pleure toute la journée ; et j’ai beau regarder le chemin de Genève, M. Belton ne revient pas ». « Nanette, qui venait de se marier compris que Claudine était grosse ».  Que faire, que dire à Simon le père, âgé, veuf, sévère, respecté et craint de tous ?

Le curé fut mis au courrant et chargé de l’annoncer. Simon était en train de lire l’ancien Testament, la chose dite, « il sauta sur le fusil avec lequel il tuait des chamois, pour aller tuer sa fille » Maîtrisé Simon dit « Cette malheureuse ne doit plus rester ici ; elle y serait le scandale de tous et le supplice de son père : qu’elle s’en aille ; qu’elle vive, puisque l’infâme peut vivre, mais que moi je meure loin d’elle ; qu’elle sorte de notre pays, et que jamais elle ne se présente devant mes cheveux blancs qu’elle a déshonorés ». Claudine trouve refuge chez le curé de Salenches.

Au bout de sept mois de grossesse, « elle accoucha d’un garçon beau comme le jour » Benjamin qui fut baptisé… Que faire avec ce garçon qui a maintenant deux ans ? Le mettre en nourrice et revenir seule chez son père ? Non jamais ! Ils partent à Genève, où elle vend tous ses vêtements de jeune femme, et ses cheveux à un perruquier, achète des habits d’homme, cache le beau diamant vert sous sa chemise…

Claude et Benjamin partent pour Turin.  Pendant plus de deux années, Place du Palais Royal,  ils décrottent les passants. Un jour un pied vient se poser sur sa sellette. Elle prend sa brosse  et

commence son ouvrage. Elle relève la tête, M.  Belton ! La conversation s’engage, Claude et son frère Benjamin « nés dans la vallée de Chamouny ». se présentent comme orphelins. Le visage de Benjamin plait à M. Belton… Claude accepte de travailler chez M. Belton… Lui, continue à vivre des amours multiples et Claudine, informée de ces frasques, d’être Claude…

Une marquise jalouse paye quatre malfrats pour poignarder M. Belton, Claude se précipite, blessée au cœur, elle s’évanouit… en voulant voir la gravité de la blessure de son domestique M. Belton, sous la chemise ensanglantée, découvre stupéfait le sein d’une femme, et aussi attachée à un cordon une bague… « Vous êtes Claudine, et je fus un monstre. Je vous dois déjà la vie, je veux vous devoir encore l’honneur, car c’est moi qui l’ai perdu, et non pas vous… .Vous viendrez à l’autel me donner le nom d’époux » M. Simon tout en bougonnant accepta ce mariage. Quatre lieux : Chamonix, Sallanches, Genève, Turin.  Le déshonneur, la naissance, le changement d’identité femme-homme, le travail le rachat.

 

 

Fleur de Lotus le 14 mai 2017

 

 

 

Lettres du Mont Blanc
Markham Sherwill

Traduction préface et notes de Michel Tailland

Éditions Guérin Chamonix (juin 2005)

« Nous Simon Couttet, guide chef présidant la Compagnie des Guides établie à Chamouni, province de Faucigny, division de Savoie, Royaume de Sardaigne, certifions (…) avoir vu au moyen de lunettes de longues vue,(…) arriver à la première sommité du Mont Blanc, Messieurs le Docteur Edmund J. Clark de Londres, et le capitaine, âgé de 38 ans, Markham Sherwill de Fontainebleau…

Syndic

W. Darvier. »

Chamonix est à 524 toises françaises, au-dessus du niveau de la Méditerranée, le sommet atteint est à 2460. Nous sommes les 25, 26, 27 août 1825, au cœur de trois Lettres adressées à un ami, Récit d’une ascension du sommet du Mont Blanc. C’est la douzième tentative. Certains lecteurs ont en mémoire la première, celle de Jacques Balmat et Michel Gabriel Paccard en 1786. Puis l’année suivante, Horace-Bénédict de Saussure, s’y colle.

Les deux hommes ne se connaissent pas. La cordée se forme à Chamonix. Sept guides payés répondent présent. Les Couttet, Devouassoux, Tairraz, Simond, Tournier, guides en 1825, sont des patronymes toujours d’actualité, de nos jours, et ces noms depuis des années fleurissent dans la Compagnie des guides. Ils vont s’occuper du matériel bâtons ferrés cordes haches (pour tailler les marches dans la glace) échelles (pour passer au-dessus des crevasses vertes cristallines, ou s’y glisser et remonter en face, au retour elle sera brûlée pour le feu du repas), des vêtements, de la nourriture du vin (l’auteur déconseille le Cognac).

Au petit matin, le départ se fait à dos de mule, sentiers… puis moraines. Adieux les mules porteuses ! Pendant les haltes, le pouls est pris. Le silence est requis pour écouter la vie de la glace des rocs de la neige, et les bruits annonciateurs des dangers de la montagne, pour limiter les avalanches. Les yeux vous brûlent… La peau de votre visage se boursoufle… À la tombée de la nuit la neige fond dans un récipient sur un feu de bois improbable… Dans les ténèbres et le froid, vous êtes terrorisés, vous pensez à quoi ? Toute la nuit vous êtes pris de nausées malgré le verre de vin apporté par le guide… Le froid au lever du deuxième jour… L’altitude grimpe, vous somnolez, vous avez soif, vous subissez les maux de la montagne, ils ne veulent pas vous voir au sommet, la torpeur vous gagne, le vin coupé de neige et la volaille ne passent pas. Plus de souffle. Le vent. Le froid. Les nausées. Le soleil méchamment brûlant, la pommade de concombre ne sert plus à rien À trois heures et cinq minutes Joseph Marie Couttet s’écrie « Nous voici au sommet du mont Blanc. » Par le talent épistolaire de Sherwill, vous étiez au cœur de l’ascension. Vous êtes à la page 86 de son livre, précis, très bien écrit. Il vous reste 44 pages pour le terminer et redescendre de là-O, à Chamouni, prendre un bain, et un verre minimum de vin chaud.

« Le bâton est votre seul support. Il faut alors avancer d’un pas régulier et lent, avoir l’œil perpétuellement en éveil et ne jamais mettre le pied en dehors de la trace du premier guide. Nous continuâmes quatre heures à progresser sur ce glacier majestueux et effrayant. Comment pouvoir d’écrire des objets qui ne ressemblent en rien à ce que l’on voit tous les jours ? Il est impossible de retranscrire les sensations que j’éprouvai à la vue de ces beautés et de ces horreurs si étroitement mêlées. L’imagination peut difficilement les concevoir. Aucun pinceau ni crayon ne peut dépeindre l’élégance et la beauté que la nature a données à ces régions

Après quatre ans d’échecs, le succès ! Les médias –Savoie, Suisse, Angleterre- couvrent cet événement qui n’est pas encore que de « l’aventure », le « scientifique » reprend le dessus, au sommet télescope thermomètre et baromètre fabriqué à Genève, s’activent. On n’est pas sérieux, au début de ce 19ième siècle, si l’on ne grimpe que pour le plaisir !

Ces lettres, un des premiers témoignages de l’ascension du plus haut sommet de la future Europe, sont aussi un chapitre de l’histoire de l’alpinisme, à ses débuts.

Pour le plaisir du texte, un cadeau : la citation de Georges Gordon Byron dans « Childe Harold » (1813), qui ouvre la troisième lettre :

« Le mont Blanc se tenait devant nous comme une montagne de neige aux aiguilles d’or. Vous écoutez mon récit avec méfiance, et votre regard inquiet et dubitatif semble dire que vous n’osez croire ce que vous entendez. Quels sont ces palais de la nature chantant l’éternité dans leurs murs de glace ? Leurs vastes murailles hissent au sein des nues leurs chefs enneigés. Glace sublime où naît et jaillit l’avalanche, éclair de neige ? Ce qui élève l’âme nous terrifie aussi et se concentre autour de ces cimes imposantes, pour mieux montrer que la terre touche les cieux en laissant à ses pieds la vanité humaine ».

Fleur de Lotus le 16 février 2014

Mary et Percy Shelley,
FRANKENSTEIN
Sur la Mer de Glace
ou le voyage de Genève à
Chamonix

Introduction de Christophe

Jaquet

Éditions Guérin, Chamonix, 2007

Histoire de sang. Rouge, comme une couverture de livre, sur le blanc de la neige. Ce liquide sort du cou tranché d’une oie, et laisse des traces comme une écriture, dans la blancheur du ciel mélangé à la terre enneigée. Aubrac 1840. Une jeune fille disparaît. Tous les habitants, hommes et femmes, du petit village, sont des assassins potentiels. Non vous n’êtes pas assis sur un fauteuil vermillon du cinéma Vox de Chamonix. À l’écran, il n’y a pas d’image du film de François Leterrier « Un roi sans divertissement » (1963) avec Charles Vanel et Colette Renard, sur un scénario et des dialogues de Jean Giono (roman de 1947). « Pourquoi faut-il que les hommes s’ennuient ? » chante Jacques Brel dans ce film. Le sang répandu est-il gratuit ? Art ou Barbarie ? Revenons à la créature qui, morceau par morceau, va prendre vie. Revenons au docteur Victor Frankenstein, biologiste. Mai 1816. Percy Shelley et sa compagne, Mary, fuyant l’Angleterre puritaine débarquent en France. Elle n’a pas 20 ans. L’objectif du voyage est le lac Léman, où ils rejoignent Lord Byron. Le véritable projet est de monter dans la vallée de Chamouni, admirer les glaciers, la mer de Glace, et le « majestueux » Mont-Blanc. Ils sont démocrates, défenseurs de la Révolution française, admirateurs du « génie merveilleux de Rousseau ». Une fascination, une exaltation toutes romantiques, pour l’Espace, le Chaos de la nature sauvage des paysages alpins, teintent ces quatre lettres qui attestent de leur périple. Les cascades, les nuances des verts des arbres gigantesques, les pâturages, les pyramides enneigées, les sommets trop étincelants émergeant des nuages, les émerveillent. Tout est poésie dans ce paysage étourdissant. Ils montent « tournant entre des montagnes dont l’immensité fait tituber l’imagination ». La fumée des avalanches, et leur tonnerre sinistre les cernent. Ils sont sur la mer de Glace, « Flots de ruines, le glacier rampe ». Une idée romanesque traverse la tête de Mary Shelley : Frankenstein… La lumière du jour va diminuer. Il faut songer au retour, et éviter les « meutes de loups ; Elles descendent en hiver dans les vallées (…) et dévorent tout ce qu’elles peuvent trouver ». L’idée de Mary prend corps. Le rêve peut tourner au cauchemar. Est-ce Dieu ou l’homme qui crée la « créature » et « lui donne vie » ? Pour qui se prend l’homme ? La créature est horriblement laide. Tout de suite le bon docteur regrette son geste, et rejette sa créature. Ce puzzle construit d’un être surhumain sensible, intelligent, va se venger. La créature tue. Déprimé, le savant quitte Genève pour un retour à Chamonix… Il monte… Au milieu « des craquements » de la mer de Glace, « j’aperçus soudain la figure d’un homme, à quelque distance, qui avançait vers moi à une allure surhumaine. Il bondissait par-dessus les crevasses de glace où je n’avais marché qu’avec la plus grande prudence ; sa stature, comme il continuait d’avancer, me sembla excéder celle d’un être humain. Un trouble m’envahit : mes yeux se couvrirent d’un voile, et je sentis une défaillance s’emparer de moi ; mais le vent froid des montagnes me rétablit rapidement. Puis je compris, à mesure que s’approchait cette silhouette (vision formidable et haïe), que c’était là le misérable que j’avais créé ».

Mais il est bien tard madame, monsieur, pour commencer la lecture de l’autre livre : Frankenstein ou le Prométhée moderne. Le noir-Pierre-Soulages aux reflets rouge-sang s’étend sur le monde.

Fleur de Lotus, le jour du printemps 2014.

Enveloppe Chamonix, Fleur de Lotus, février 2015.

Enveloppe Chamonix, Fleur de Lotus, février 2015.

Enveloppe "Il neige sur la poste", Fleur de Lotus, février 2015.

Enveloppe "Il neige sur la poste", Fleur de Lotus, février 2015.

  DES ALPES A L'HIMALAYA, 
 IL N'Y A (PRESQUE) QU'UN PAS... 

 

 

 

 LA CONQUETE 

 

 DE L'EVEREST 

 

 

 

 

 

Enveloppe d'art postal réalisée par Volubilis,

 

octobre 2020.

Première de couverture du numéro 227 de l'hebdomadaire Paris Match (du 25 juillet au 1er août 1953) :

 

Le numéro relate en texte et photographies l'ascension de l'Everest,  réussie par le sherpa Tensing Norgay et l'alpiniste Edmund Hillary le 29 mai 1953.

 

 

Timbres-poste nécessaires à l'affranchissement :

 

" Bolivie/Laguna Colorada ", carnet de douze timbres-poste Reflets-Paysages du monde, lettre prioritaire, 2017, agence photo Hemis.
" France/Haute-Savoie-Chamonix-Mont-Blanc ", carnet de douze timbres-poste Reflets-Paysages du monde, lettre prioritaire, 2017, agence photo Hemis.
" Agatasa Calydonia ", carnet de douze timbres-poste Effets papillons, lettre prioritaire, janvier 2020, Claude Nuridsany et Maria Perennou (réalisateurs de Microcosmos le peuple de l'herbe), Science Photo Library/Biosphoto.

 

" Parnassius Nomion ", carnet de douze timbres-poste Effets papillons, lettre prioritaire, janvier 2020, Gilles Martin/Biosphoto.

 

 

Autres timbres-poste :

 

" Sculpture Art népalais ", série de douze timbres-poste Le Nu dans l'art, lettre verte, mars 2019, photographie RMN-Grand Palais/Thierry Ollivier.

 

Trois timbres-poste de l'Inde.
Vignette de suivi La Poste :
Ce fut une expérimentation, qui a permis de voir comment pouvait se passer le voyage d'un envoi d'art postal, même s'il n'est pas le plus éloigné des habitudes postales (regroupement des timbres-poste nécessaires à l'affranchissement, regroupement des lignes de l'adresse).
Le résultat :
L'enveloppe a été déposée le 8 octobre au guichet d'un bureau de poste quelques minutes avant la fermeture.
Elle n'est apparue dans la rubrique internet de suivi que le surlendemain, comme seulement déposée au bureau de poste de la ville d'expédition : oblitération tardive de l'enveloppe ou flashage tardif de l'étiquette de suivi - et donc une journée de retard à l'expédition - ou bien erreur d'enregistrement (retard) sur le site internet ?
L'enveloppe a d'abord été indiquée comme non remise au destinataire, avec proposition de programmer une nouvelle distribution.
Elle a pourtant bien été remise le même jour au destinataire indiqué.
Sa distribution a été notifiée sur le site internet avec 24 heures de retard, alors que l'étiquette avait bien été flashée par le facteur devant le destinataire.

 

 

  Everest ?  

 

  Nom très occidental pour ce toit du monde, tout  là-haut, à 8848 mètres. Avant Everest il est le pic XV dans la numération romaine de de Michael Hennesy. En tibétain il est Chomolungma déesse mère des vents. En Népalais il est Sagarmatha tête du ciel. Est-il féminin ? Est-il masculin ? En 1865 les anglais lui donnent le nom de Sir Georges Everest, arpenteur général des Indes orientales, qui décèdera un an plus tard. 

  Pour mémoire : en 1978, Reinhold Messner né en 1944 réussit la première ascension sans oxygène accompagné de Peter Habeler.  Deux ans plus tard, il récidive en solitaire.  Né en 1929 Pierre Mazeaud dirige la première équipe française à vaincre le sommet, avec Jean Afanassief, Nicolas Jaeger et le cinéaste autrichien Kurt Diemberger, le 15 octobre 1978.  

  Pour finir ce mini-billet : Merci à tous les Sherpas ! 

  Fleur de Lotus novembre 2020 

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A signaler, pour les accros, des verticalités de glace de roc ou de la vallée de Chamonix, le livre de l'ethnologue Françoise Loux &quot;Guides de montagne Mémoire et passions&quot; (Didier Richard, 1988). L'ancienne chercheuse du Centre d'Ethnologie Française a beaucoup étudié le milieu rural traditionnel. Passionnée de haute montagne, dans cet ouvrage, elle raconte la profession de guide. Elle part de récits qu'elle a menés avec de vieux guides des années 1930. Nous assistons lentement à la naissance de la profession de guide actuelle. Fidèle à ses sujets de recherche, elle parle du corps, de son rapport à la nature. Avant d'être guide on naît enfant de la montagne, souvent dans une famille de guide, voire une dynastie. Là, très jeune, commence la transmission l'apprentissage la formation. Ce sont les premières confrontations entre son corps et la rudesse de la nature. On commence par conduire les mulets, puis on est porteur au service d'un guide. Les oncles, le voisinage sont socialisants. La mère ne transmet pas les techniques mais &quot;la manière de vivre que constitue le métier de guide&quot;. On explique la solidarité. On apprend les dangers; les chutes; la mort; la relation avec le client. On vit, le fait, de prendre son temps. Sur quoi se fonde l'identité d'un guide la compagnie? Jusqu'en 1945, il fallait être né à Chamonix, première exception pour Roger Frisson Roche. Mais la société extérieure le milieu urbain allaient frapper de plus en plus fort, à la porte de la vallée. L'administration, les finances, les nouveaux moyens de transport, les remontés mécaniques, l'afflux des touristes, l'hébergement, l'état... Est-ce le progrès ou faire la part belle... aux promoteurs? ... Et... en 1945, avec l'appui de Frisson Roche et d'Armand Charlet, création de l'ENSA (Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme), Jean Franco en 1957 assoira définitivement ce lieu de formation voué à la montagne. Des épreuves théoriques sont imposées. En même temps le matériel (corde piolet chaussure, pitons etc) va changer. Les techniques de grimpe (et le vocabulaire) vont évoluer. La profession va s'ouvrir aux femmes.<br /> Fleur de Lotus 14 juillet 2014
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F
Merci à Napoléon III, pour avoir commandé en 1861, aux Frères Bissons un reportage photographique sur le massif du Mont-Blanc, qu'ils gravirent deux fois. Bisson aîné et Bisson jeune sont des pionniers de l'art photographique. Ils ont réduit le temps de pause, et sont les premiers à faire de grands tirages (100x81). Ils étaient connus pour de photographies de Balzac, de Chopin, d'architecture (monuments), avant de se tourner vers les séracs et les pentes glacées. Il ont réalisé les premiers clichés de l'alpinisme. (source internet)
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F
Grand merci à Volubilis pour sa mise en page et en images!
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